Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/312

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dispositions de combat, et où il se disait prêt à lancer des cohortes fidèles à l’assaut de l’Hôtel-de-Ville, tout en restant prudemment à portée du train de Versailles, l’amiral s’aperçut que le vide se faisait autour de lui, et que bientôt il n’aurait plus à commander qu’un état-major. Les soldats s’étaient fondus. Il ne lui restait plus que des officiers sans compagnies, et encore beaucoup apportaient-ils leurs démissions. C’est que la nouvelle se répandait que les partisans de la monarchie triomphaient à Versailles, et que, M. Thiers renversé, on allait nommer le duc d’Aumale à la lieutenance générale de la France, bientôt redevenue royaume.

Ces bruits devaient être bientôt démentis. Ils avaient cependant une certaine vraisemblance, et la base de cet échafaudage de restauration n’était pas une illusion.

Les propos de M. Tirard, l’affiche de Saisset, avaient produit ce mouvement monarchiste à Versailles. Il ne dura pas, mais il avait été assez fort pour que M. Thiers fit brusquement lever la séance de nuit, où l’on devait discuter les élections municipales.

Parmi les gardes nationaux, que MM. Vautrain, Vacherot, Tirard et consorts avaient groupés aux mairies du Ier et du IIe arrondissement, et dont les chefs avaient leur quartier général à la Bourse et au Grand-Hôtel, sous le commandement supérieur de l’amiral Saisset, il y avait certes tout ce que Paris comptait de réactionnaires résolus, cependant les éléments républicains modérés formaient encore la majorité. Ces adversaires du Comité Central, mais non de la République, n’étaient pas du tout disposés à se battre pour le compte d’un lieutenant général du royaume. Le duc d’Aumale n’était nullement leur homme. Les opposants du quartier latin, qui s’étaient rassemblés après la réunion présidée par le républicain