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cri de « Vive l’Alsace-Lorraine ! » que viendrait à proférer aujourd’hui un groupe d’avocats italiens ou anglais, sur le passage de Guillaume visitant le Palais de Justice de Rome ou de Londres. Floquet n’a probablement pas eu l’inspiration de proférer ce noble cri, mais débarrassé du fardeau inutile du qualificatif irrévérencieux, ce cri, destiné à demeurer éternellement anonyme, honore celui qui l’a poussé.

Charles Floquet, avocat politique recherché, très estimé dans tout le jeune parti républicain, fut pendant le siège adjoint au maire de Paris ; il donna sa démission après le 31 octobre. Il fut élu député de Paris aux élections du 8 février 1871. Il vota contre la paix. Il participa après le 18 mars à toutes les tentatives conciliatrices des maires et députés. Il se retira de l’Assemblée nationale, en écrivant cette lettre très digne, dont la teneur lui fut souvent reprochée, ainsi qu’à son co-signataire Édouard Lockroy, également député de Paris :

Monsieur le Président,

Nous avons la conscience d’avoir fait tout ce que nous pouvions pour comprimer la guerre civile, en face des Prussiens encore armés sur notre sol. Nous jurons devant la nation que nous n’avons aucune responsabilité dans le sang qui coule en ce moment. Mais, puisque malgré nos efforts passés, et ceux que nous tenterons encore pour arriver à une conciliation, la bataille est engagée et qu’une attaque est dirigée sur Paris qui nous a élus, Nous, représentants de Paris, nous croyons que notre place n’est plus à Versailles. Elle est au milieu de nos concitoyens, avec lesquels nous voulons partager, comme pendant le siège prussien, les souffrances et les périls qui leur sont réservés.

Nous n’avons plus d’autre devoir que de défendre, comme citoyens et selon les inspirations de notre conscience, la République menacée.

Nous remettons entre les mains de nos électeurs le mandat qu’ils nous avaient confié et dont nous sommes prêts à leur rendre compte.

Charles FLoquet, Édouard Lockroy.