Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/325

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République, dans sa lutte contre le boulangisme : la loi qui rétablissait le scrutin d’arrondissement, et celle qui interdisait les candidatures multiples. Avec le scrutin de liste et la multiple candidature, il eût été nommé à Paris et dans plusieurs départements peut-être, dans les Pyrénées-Orientales assurément. Le collège sénatorial atténua la blessure en l’envoyant au Luxembourg représenter Paris, mais la plaie était profonde et de celles qui ne se cicatrisent pas. Malgré les solides amitiés qui le soutenaient, malgré l’affection de sa charmante femme, il traîna une vie languissante et désenchantée depuis son échec. L’ingratitude de la démocratie, dont il avait été l’infatigable et utile serviteur, le hanta, et le poison du découragement glaça toute espérance en lui. Sa tâche lui parut finie. Il ne tenait plus à cette terre où il se voyait désormais, à tort évidemment, hors de l’action politique, combattant désarmé, invalide, impuissant à rendre à la démocratie les services qui étaient sa seule raison de vivre. Cette noble et belle existence, si longtemps radieuse et enviable, s’éteignit dans une sombre mélancolie. À lui surtout peut s’appliquer la sentence de Sophocle : « De quel homme, avant le jour de sa mort, doit-on dire il a été heureux ! » Charles Floquet est mort le 18 janvier 1896, à Paris, rue de Lille, à l’âge de 67 ans. Ses funérailles civiles furent imposantes.

Après la Commune, bien que libéré de son arbitraire arrestation, il avait été considéré à Versailles comme suspect.

Le président de la Commission d’enquête voulait absolument rendre M. Floquet responsable des bruits qui avaient couru à Paris en mars 71, pendant les pourparlers des maires, sur la candidature du duc d’Aumale à la lieutenant ce générale. Ces rumeurs, que Jules Simon, alors ministre, avait accréditées, eurent pour conséquence, on l’a vu, la