Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/328

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Ah ! citoyens du Comité, nous avons été peut-être heureux que Lullier ne fit pas appel aux gardes nationaux massés sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Il aurait pu se trouver parmi eux des citoyens plus rigides que nous sur la façon d’exercer le mandat qui nous avait été délivré. Le général aurait pu certainement payer de sa vie les fautes qu’il avait commises, mais quelques membres du Comité auraient pu payer aussi de la leur la faiblesse qu’ils avaient montrée envers un bomme qui menait à sa perte la Révolution.

(Maxime Lisbonne. Souvenirs (inédits), chap. VI.)

Lullier, déséquilibré et impulsif, au lieu de chercher à se disculper, ou tout au moins loin d’invoquer sa bonne foi, et de reconnaître sa négligence en ce qui concernait le Mont-Valérien, n’arguant même pas de son ignorance de l’importance que devait prendre la manifestation de la place Vendôme, écrivit de sa prison une lettre insolente au Comité Central, lui reprochant de « jalouser ceux qui, pour la couse commune, nuit et jour travaillent avec une fiévreuse activité ». Avec sa vanité ordinaire et la fanfaronne exubérance qui ne l’abandonnait jamais, il disait en reprochant au Comité de passer son temps à ergoter :

C’est dans de telles conjonctures que vous décapitez la garde nationale, que vous m’arrachez l’épée des mains, alors qu’une de ces nuits j’allais m’abattre, comme la foudre, sur Versailles, l’envelopper, mettre la main sur la réaction tout entière et affirmer, à la face de ce pays, la vitalité et la puissance du mouvement révolutionnaire qui emporte Paris !

Au lieu de parler de s’abattre sur Versailles, alors qu’il avait permis de mettre cette place en état de défense, il aurait mieux fait d’expliquer pourquoi il avait laissé le temps à M. Thiers de quitter le ministère des affaires étrangères, avec les ministres, comme il s’en était vanté, et surtout pourquoi il n’avait pas pris possession du Mont-