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dénonça une évasion projetée par quelques-uns de ses co-détenus. Gaston Da Costa l’a formellement accusé de cette dernière infamie. (La Commune vécue, t. II. p. 301.)

On a vu comment, dans l’après-midi du 18 mars, M. Thiers st les ministres délibérant dans un salon du ministère des affaires étrangères, avaient failli être surpris et enlevés par un des bataillons de Grenelle. Ces gardes nationaux se contentèrent de défiler en musique, sous les fenêtres du palais, où les membres du gouvernement tremblaient et perdaient la tête. Ces gardes ignoraient l’intéressante capture qu’ils étaient à même de faire. Leur défilé inquiétantes seulement pour effet de décider M. Thiers à brusquer son départ. Sans s’attarder en plus longue conversation avec ses ministres, il s’empressa de fausser compagnie, s’esquivant en hâte, par un escalier donnant accès à la rue de l’Université. Lullier ne fut pour rien ni dans l’alerte, ni dans la fuite. Il éprouva le besoin, par la suite, de s’attribuer un rôle dans la dérobade de M. Thiers. Dans son livre Mes Cachots, où il emploie le style indirect, il atiribua « à Charles Lullier le salut de M. Thiers », et il témoigna en même temps de son admiration pour « cet honorable vieillard ». Voici ce passage significatif de ses Mémoires. Lullier du reste ne fut ni récompensé ni épargné par l’ingrat Thiers, à qui il avait pourtant rendu de si précieux services :

De la place Vendôme, Charles Luilier envoya l’ordre à six bataillons d’occuper la Madeleine, les parties voisines des boulevards et les rues aboutissantes.… puis il prit avec lui trois bataillons, pour s’emparer du ministère des affaires étrangères et se donner cette avancée sur la rive gauche.

Comme il débouchait du pont de la Concorde, un capitaine, envoyé avec sa compagnie, par Duval, en patrouille sur la rive gauche, vint à lui et prévint que M. Thiers et les ministres étaient, en ce moment, rassemblés au ministère des affaires étran-