Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/35

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un peu après… » Tout l’ensemble du récit est inexact, et des heures ne concordent pas. Il dit lui-même qu’il a passé la journée du 18 mars « à rêvasser dans le palais des Thermes, qu’il ne quitta que vers le soir ». « Il se présenta à Comité Central à six heures du soir. » (Mes Cachots, 28). Ce fut alors seulement qu’on lui proposa le commandement, et qu’il questionna les membres du comité sur « leur plan ». Il n’avait donc ni commandé, ni combattu, ni même figuré dans les événements, durant toute la journée du 18 mars. Tout ce qu’il raconte sur les ordres donnés à dix bataillons d’occuper la Madeleine, dans la journée, sur sa présence au pont de la Concorde, où il fut averti de la présence de M. Thiers et des ministres délibérant au ministère des Affaires étrangères, sont des inventions. Il se dément lui-même, quelques pages plus loin dans son livre d’apologie, puisqu’il reconnaît, fait exact et vérifié, qu’il ne fut en présence du Comité Central que dans la soirée, et que sa nomination à l’Hôtel-de-Ville, par les membres du Comité qui s’y trouvaient rassemblés, sous la présidence de fait d’Édouard Moreau, n’eut lieu qu’après l’évacuation du palais municipal et le départ de Jules Ferry, c’est-à-dire à onze heures du soir.

Toutes ces hâbleries et imaginations sont sans importance. Lullier n’a joué aucun rôle dans la journée du 18 mars, jusqu’à sa nomination, faite dans la séance de nuit. Il n’a pu ni prendre les dispositions militaires qu’il énumère, ni se trouver à même de capturer le gouvernement ; pas davantage il ne put, avec magnanimité, laisser Thiers et les ministres libres de s’échapper et de se retirer à Versailles pour attaquer et bombarder Paris.

Lullier a suffisamment de méfaits à son dossier, sans lui imputer d’avoir sauvé M. Thiers, comme il s’en est vanté par la suite.