Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/392

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Samedi, à midi, une affiche fut faite par les maires, et acceptée par le Comité Central, On pouvait croire que tout était terminé, et, pour ma part, je me rendis à ma mairie, vers deux heures et demie pour reprendre mes fonctions, et prendre les mesures nécessaires pour que les élections pussent avoir lieu le dimanche, ce qui me fut refusé, le Comité Central se refusant à accomplir la convention.

Le soir, une affiche apposée par le dit Comité annonce que les maires se sont ralliés au Comité, ce qui est faux, et pour mieux tromper l’opinion, il la signe de nos noms.

Ces violations de conventions faites, et l’apposition de nos noms sur une affiche n’émanant pas de nous, constituent la moralité et nous indique la confiance qu’il est possible d’avoir dans la bonne foi et l’honorabilité de pareilles gens.

L’indignation de M. André Murat était excessive, en ce qui concernait le changement de la phrase visée. On conçoit plutôt sa protestation contre la non-restitution des mairies. On ne saurait s’expliquer pourquoi le Comité ne tint pas son engagement à cet égard. Il voulait assurément que les élections fussent sincères, et elles le furent. Mais, en conservant les mairies qu’il avait promis de rendre, il fournissait un argument à Versailles, il irritait les maires, et leur facilitait un prétexte pour se retirer et refuser d’accepter les mandats que les électeurs leur donneraient ; il permettait aux adversaires de contester un scrutin qu’ils n’avaient pu surveiller. M. Ernest Picard avait déjà dit à l’Assemblée, en repoussant les élections municipales à bref délai : « Est-il possible, au milieu d’une insurrection pareille, et sous la présidence des inconnus qui tiendraient les urnes, de faire des élections ? » C’était possible pourtant, et le scrutin fut si sincère que les ennemis de la Commune furent nombreux parmi les élus du 26 mars. Il était donc fâcheux de donner à penser que l’on avait voulu se rendre maître des urnes et diriger le vote, l’influencer, peut-être le fausser.