Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/394

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autour de nous. Nous avons dû obéir à la raison politique ; nous connaissions l’état d’une partie de l’armée de Versailles, alors en formation, et à mesure que la réalité des faits sera établie, on verra que ces élections retardant de huit jours la marche des fédérés sur Versailles, ont contribué ru salut de notre pays.

Les élections consenties, en opposant pendant plusieurs jours encore une digue à l’action du Comité Central, ont permis l’arrivée de renforts à l’armée, son approvisionnement en artillerie et en munitions ; de manière que la sortie en masse des insurgés, le 3 avril, est venue se heurter contre une armée disciplinée, qui a pu leur opposer une barrière infranchissable.

Nous n’avons pas à sonder les intentions de tous ceux qui ont donné leur adhésion à ce compromis ; mais tels sont les motifs qui ont déterminé la grande majorité des maires et adjoints présents.

Ainsi pour M. Vautrain, et il exprimait les sentiments secrets de la plupart de ses collègues, la prétendue conciliation, les concessions apparentes, les paroles de paix et les démonstrations cordiales, aussi bien que les discussions prolongées sur les termes de l’accord, sur les conditions dans lesquelles les élections municipales devraient être faites, tout cela n’était que tromperie, ruse de guerre. Les maires, les adjoints, comme troupes auxiliaires, faisaient partie de l’armée versaillaise. M. Thiers les avait envoyés en avant garde. Ils formaient rideau et amusaient l’ennemi, en attendant l’heure propice, l’heure psychologique, où les canons seraient démasqués.

L’aveu de M. Vautrain, l’un des chefs principaux de cette résistance qui ressemblait à une embuscade, corroboré par des déclarations analogues, faites au cours de l’Enquête, et que nous avons reproduites, ne laissent aucun doute sur le double rôle des maires et adjoints, ni sur la perfidie de la plupart d’entre eux. Pauvre Comité Central ! a-t-il été assez joué ! et son rôle d’ami de la conciliation à tout prix ne fut-il pas piteux ? Géronte bénévole de ces scapins munici-