Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/395

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paux, il s’est laissé enfermer dans le sac de la transaction, et ne s’est aperçu du tour que lorsqu’il a senti le bâton. On a appelé cette farce politique « la Capitulation des Maires ». Terme impropre. C’est la fourberie des maires qu’il convient de dire.

L’un des compères de M. Vautrain, M. Degouve-Denuncques, lui donna la réplique, sous la forme d’une lettre adressée au même Journal de Paris (19 juin 1871). L’adjoint du Xe soutenait avoir refusé sa signature, avec raison. « J’entrevoyais alors, dit-il, tous les dangers qui nous menaçaient, si nous avions le malheur de faire la moindre concession aux hommes qui préparaient l’avènement de la Commune, et c’est pour cela que je ne leur en ai fait aucune. »

M. Degouve-Denuncques contestait, non pas l’affirmation de M. Vautrain qu’il cherchait seulement à faire gagner du temps à M. Thiers, mais l’utilité de cette temporisation. Selon lui, Versailles était prêt et Paris ne l’était pas. Il estimait que M. Thiers disposait, dès le 26 mars, de toutes les troupes qui lui permirent de remporter l’avantage le 4 avril. L’exactitude de cette attestation est contredite par de nombreux témoignages déjà cités, principalement par M. Thiers lui-même, qui répondait à une demande de régiments réclamés d’une façon pressante par l’amiral Saisset. « Je ne donnerai pas 5,000 hommes, ni même 500, j’ai besoin de toutes mes troupes et elles sont insuffisantes ! » Dans les premiers jours de la semaine, M. Thiers était loin de s’estimer rassuré, et Jules Favre se plaignait amèrement, dans la séance de nuit du 23, que les Prussiens eussent suspendu le rapatriement des prisonniers d’Allemane impatiemment attendus. Dans un entretien avec M. Tirard, M. Thiers a été plus explicite encore. Comme M. Tirard lui exposait les raisons du compromis, et disait qu’il était