Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/397

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Ce propos n’a pu être tenu, ou tout au moins ne devait-il pas être interprété dans un sens positif et matériel. Si ce langage eût exprimé une vérité militaire, Ranvier eût été un bien grand maladroit de confesser que le Comité était à bout de forces. Il a pu dire que les gardes nationaux, épuisés par les gardes, sous les armes depuis six jours, voulaient une solution dans un sens ou dans l’autre, et qu’ils s’irriteraient et remplaceraient les membres du Comité Central, si on ne leur rapportait pas la solution qu’ils attendaient, c’est-à-dire la convocation électorale, avec ou sans le concours des maires. Ranvier faisait allusion à un péril électif, au remplacement des membres actuels du Comité par le suffrage des bataillons, et non pas à un péril militaire.

M. Degouve-Denuncques pouvait se vanter d’avoir refusé de signer un compromis qui lui paraissait un acte d’abdication, mais il lui était impossible de justifier cette opposition comme utile à la victoire versaillaise. S’il eût trouvé beaucoup d’imitateurs, cette victoire eût, au contraire, été retardée, et peut-être irrévocablement compromise. M. Vautrain riposta du resto par une seconde lettre, dans laquelle il rectifia l’interprétation donnée par M. Degouve-Denuncques aux paroles de Ranvier, qui, selon lai, devaient être comprises dans le sens que le Comité Central ne voulait pas demeurer plus longtemps dans l’inaction ; il répéta que, comme l’avait déclaré l’amiral Saisset, la lutte était impossible, et que l’armée alors en formation suffisait à peine à couvrir Versailles et ne pouvait être lancée sur Paris.

Cette discussion, postérieure à la chute de la Commune, entre deux des principaux organisateurs de la temporisation calculée, suffit pour indiquer le désaccord existant parmi les membres des municipalités de Paris sur la légalité et l’utilité d’une transaction avec le Comité Central. Le dé-