Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/408

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guer, parmi les maires, les fourbes des sincères. Les premiers, qui, sans avoir conféré avec M. Thiers sur ce point, servaient inconsciemment ses desseins, suivaient son plan arrêté avant le Dix-Huit mars, instinctivement, par communauté d’esprit réactionnaire, cherchaient seulement à lui gagner du temps, comme ils l’ont avoué. Ils lui permettaient ainsi de concentrer et de réorganiser l’armée versaillaise. Donc, ceux-là ne voulaient pas commencer la lutte avant l’heure, et préféraient attendre l’intervention de cette armée, qui ne pouvait manquer d’être supérieure aux forces dont disposeraient le Comité Central et la Commune. Ils ne devaient pas non plus accepter les offres des officiers et gardes nationaux prêts à se battre, désireux de renouveler les prouesses des bataillons bourgeois de juin 48. Ces auxiliaires, dont un grand nombre ne dissimulaient pas leurs opinions monarchistes, deviendraient gênants, et peut-être dangereux, après la victoire. Se passer d’eux était plus sage.

Il y en avait quelques-uns, parmi les chefs de la résistance, Schœlcher en tête, qui voulaient maintenir la République, et qui n’entendaient pas servir les intérêts des monarchistes de Versailles. Ils craignirent une lutte inégale, funeste aux institutions républicaines, et ils s’efforcèrent de l’éviter. Malgré les exagérations de certains exaltés, comme le lieutenant-colonel de Beaufond, chef d’état-major général par intérim, annonçant 111,000 citoyens armés pour la défense de l’ordre, on peut reconnaître que Saisset, Schœlcher et Quevauvilliers disposaient d’environ 25,000 hommes résolus, commandés par des chefs également déterminés. Plusieurs de ces chefs étaient exercés et capables, comme les officiers de marine Trèves, Salicis, d’autres encore de l’armée de terre. C’était fort suffisant pour une bataille de rues. Les fédérés ne pourraient conserver