Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/409

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l’Hôtel-de-Ville, assailli de trois côtés. Les quartiers du centre formant un camp retranché formidable, les bataillons rouges se trouveraient refoulés vers les hauteurs, Belleville, Montmartre, la butte aux Cailles, le faubourg Saint-Antoine, partout où eut lieu la lutte désespérée des derniers jours. Les forces que le Comité Central considérait comme siennes seraient réduites de moitié, du jour où le combat commencerait. La solde ne serait pas assurée, car la Banque fournirait-elle l’argent ? Elle était aux mains des résistants jusqu’à nouvel ordre. Les défections se produiraient nombreuses. Les maires payant la solde à leurs bataillons, ceux-ci au contraire iraient se renforçant. Donc les chances de la bataille n’étaient pas aussi défavorables que s’empressait de le crier Saisset, qui ne tenait point à l’engager, qui avait hâte de se sentir en sûreté à Versailles.

De son côté, le Comité Central doutait du succès. On peut dire, et les témoins survivants ne me démentiront pas, que l’incertitude et la crainte de cette lutte dans Paris étaient la grande préoccupation des chefs de l’insurrection dans la semaine qui suivit le Dix-Huit mars. Ils regardaient avec une inquiétude peu dissimulée les préparatifs qu’on signalait, faits à la mairie de la Bourse et au Grand-Hôtel. Ils négligeaient ceux de Versailles. Le Dix-Huit mars, on s’attendit toute la journée à un retour offensif des troupes retirées à l’École militaire et sur la rive gauche. Les jours suivants, on ne parut craindre qu’une attaque venue du centre de Paris, d’où la satisfaction profonde du Comité, quand il put, en menaçant, en feignant d’être prêt à enlever les mairies dissidentes et à brusquer le combat, décider les maires à capituler. Quand tout parut arrangé, quand on finit par sceller l’accord final, le Comité Central était aussi satisfait que les maires.

Pourquoi ceux qui pouvaient croire qu’ils étoufferaient