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mités, ont désormais donné la mesure de leur impuissance et de leur caducité ; elles ont perdu le droit de se dire les seules classes gouvernementales.

Laissez arriver l’honnêteté, le travail, la justice ; — ouvrez les portes au prolétariat instruit, au vrai peuple, à la seule classe pure encore de nos fautes et de nos déchéances ; à la seule, enfin, capable de sauver le pays.

L’Association internationale des travailleurs, le Conseil général des sections parisiennes, la Chambre fédérale des sociétés ouvrières, restés un peu à l’écart du mouvement depuis le Dix-Huit mars, crurent utile de donner signe d’existence et d’adhésion, au moment de la nomination du Conseil communal.

Ces groupes rédigèrent le manifeste suivant :

Travailleurs,

Une longue suite de revers, une catastrophe qui semblait devoir entraîner la ruine complète de notre pays, tel est le bilan de la situation créée à la France par les gouvernements qui l’ont dominée.

Avons-nous perdu les qualités nécessaires pour nous relever de cet abaissement ? Sommes-nous dégénérés au point de subir avec résignation le despotisme hypocrite de ceux qui nous ont livrés à l’étranger, et de ne retrouver d’énergie que pour rendre notre ruine irrémédiable par la guerre civile ?

Les derniers événements ont démontré la force du peuple de Paris ; nous sommes convaincus qu’une entente fraternelle démontrera bientôt sa sagesse.

Le principe d’autorité est désormais impuissant pour rétablir l’ordre dans la rue, pour faire renaître le travail dans l’atelier, et cette impuissance est sa négation.

L’insolidarité des intérêts a créé la ruine générale, engendré la guerre sociale ; c’est à la liberté, à légalité, à la solidarité qu’il faut demander d’assurer l’ordre sur de nouvelles bases, de réorganiser le travail qui est sa condition première.

Travailleurs,

La révolution communale affirme ces principes ; elle écarte toute cause de conflit dans l’avenir. Hésiterez-vous à lui donner votre sanction définitive ?