Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/429

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au point d’amener les deux éléments indispensables, bourgeois et ouvriers, à y participer. Tout mouvement qui n’est accepté que par une de ces deux classes de la population ne peut aboutir. La trouvaille de la tombe de Baudin, la victime oubliée du Deux Décembre, les discours, les rassemblements, les charges policières et les arrestations, qui en avaient été la suite, avaient paru réveiller l’opinion. Delescluze ne s’illusionnait pas sur la portée de la manifestation au cimetière Montmartre, dont son ami et collaborateur Charles Quentin avait donné le signal. C’était seulement là un commencement satisfaisant. I fallait suivre et développer le mouvement. La souscription ouverte dans les journaux pour élever un monument à Baudin lui avait paru bonne pour attirer à soi une partie de la bourgeoisie et obtenir l’adhésion imprimée des notabilités démocratiques. Le Réveil et l’Avenir national avaient pris l’initiative de cette souscription, et le public avait répondu à l’appel. L’affaire Baudin était lancée. Elle préparait les esprits par l’indignation ; elle hâtait le moment psychologique de la prise d’armes souhaitée. Mais il ne fallait pas s’arrêter en route ni se contenter d’une protestation sentimentale, avec des articles de journaux et des harangues. Le procès, intenté aux journaux ayant publié les listes de souscription, arriva à propos.

C’était une lourde et nouvelle faute commise par l’empire ; elle procurait un avantage certain à la Révolution. Le tapage fait autour du martyr de décembre, loin de s’affaiblir avec le temps et la réflexion, persistait et grossissait. Un débat public fournirait une nouvelle occasion « le reprendre le réquisitoire commencé parmi les tombes du cimetière Montmartre. Le prétoire de la correctionnelle, avec la presse répercutant partout ce qui s’y dirait, fournirait la meilleure des tribunes. Le procès fait aux journaux