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à refuser leurs noms et leur concours à un gouvernement insurrectionnel, imposé par Paris sans doute, mais dont ils fussent devenus membres par la force des choses, imitant leurs devanciers au 4 septembre. La Commune victorieuse et les appelant dans son sein aurait eu alors tous les titres, toutes les vertus, et ceux-là même qui, en refusant de la servir, l’ont fait prendre en défiance, puis en horreur, par la province, eussent été ses parrains et ses répondants devant la France. L’idée communaliste était sauvée.

Le triomphe de l’armée insurrectionnelle à Versailles, comme à Paris, était certain. Mais la province, quelle eût été son attitude ? Eût-elle accepté un gouvernement d’émeute proclamé sur la Butte de Picardie, à Versailles, alors qu’elle s’est refusée à reconnaître ce même gouvernement, parce qu’il avait été fait sur la Butte Montmartre ?

On peut admettre que, Thiers réduit à l’impuissance, et l’Assemblée de Bordeaux ne pouvant se réunir, les choses changeaient brusquement. L’Assemblée, ayant terminé la guerre, avait rempli toute sa mission, et personne n’eût songé à la rappeler. Alors la province eût accepté le Dix-Huit mars comme elle avait accepté le 4 septembre, et plus volontiers, n’ayant pas la crainte de l’invasion et l’anxiété de changer les conditions de la guerre, par un changement politique, tandis qu’on se battait.

Il y aurait eu une condition toutefois à cette soumission : il fallait que, dans le nouveau gouvernement, elle rencontrât des hommes ayant à peu près le crédit et la notoriété dont les gens de la Défense nationale avaient bénéficié. Ces hommes politiques qu’elle connaissait, qui avaient une popularité acquise sous l’empire et pendant la guerre, Gambetta en tête, lui eussent donné confiance, l’eussent rassurée et entraînée.

Or, on aurait eu le concours de ces hommes connus, qui,