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FIN DU COMITÉ CENTRAL

Ainsi finit, officiellement et ostensiblement, ce pouvoir provisoire, qui a laissé un renom contesté, et dont le rôle aurait pu être si grand. Il fut, en réalité, secondaire et, à un certain point de vue, néfaste.

Disons tout d’abord qu’il ne s’agit pas du tout d’approuver ici les critiques, les reproches, les outrages aussi, que les écrivains de la réaction ne se sont pas fait faute de prodiguer à ce Comité de prolétaires. Notre appréciation sur le Comité doit être sévère, mais elle ne repose pas sur les sottes considérations de ceux qui ont raillé ou méprisé les excellents citoyens qui formèrent le gouvernement du Dix-Huit mars.

On leur a ridiculement reproché leur défaut de notoriété, leur situation modeste, leur absence de passé politique, leur manque de parchemins démocratiques. Bien loin d’être un motif de dédain et de blâme, cette simplicité d’origine et cette absence de célébrité politique doivent être des titres au respect et même à l’admiration de la postérité. Ces hommes, qui n’étaient pas des politiciens, représentaient admirablement la masse populaire dont ils étaient sortis. Ils furent choisis par les gardes nationaux, non pas comme des législateurs ou des administrateurs, mais comme des chefs de barricade. Ils représentaient la vraie armée de l’insurrection, celle dont les chefs sont improvisés, pris parmi ceux que l’on connaît personnellement, parmi des notoriétés de quartier, des camarades, dont on croit être sûr, et qu’on estime pour leur intelligence, leur bravoure et leur zèle. Leur élection, à la suite de la réunion initiale du Tivoli-Waux-Hall, eut lieu à deux et même à trois degrés, ce qui n’est pas contraire aux principes révolutionnaires,