Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/476

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puisque la grande Convention Nationale est issue d’un suffrage analogue. En tous cas, ce mode électif permettait un contrôle plus efficace de la capacité et de la popularité des candidats. Ils sortaient des rangs du peuple, et c’était la meilleure école pour des officiers d’une armée populaire. On s’est égayé de leurs galons, de leurs bottes, de leurs écharpes. Misérable chicane ! Ce goût de l’uniforme, du panache, que la pratique du siège avait certainement développé, ne fut pas le propre des gardes nationaux de 1871. De tout temps le Français eut plaisir à porter sous les armes des costumes chatoyants, et depuis les fringants mousquetaires jusqu’aux pimpantes gardes françaises, les bottes brillantes, les passementeries dorées, les broderies fines, les plumes ondoyantes, les cocardes et les galons, ont été en honneur chez nous. Tous ces hochets guerriers ont contribué à l’éclat, à l’entrain et au renom de nos armées d’autrefois. D’être bien habillés, d’avoir le feutre triomphal et le tricorne vainqueur, cela empêcha-t-il les mousquetaires de se faire tuer devant Maestricht, les gardes françaises de sauver la monarchie à Fontenoy et de la vaincre au 14 juillet ? Les héros de l’Iliade moderne étaient tous chamarrés, et leur Achille, l’indomptable Murat, faisait encore plus l’effet d’un général de cirque que notre vaillant Maxime Lisbonne.

Il faut laisser aux plaisantins, à court d’arguments et d’idées, dénués aussi de faits convaincants contre le Comité Central, ces niaises et faciles critiques. Ce n’est ni l’abus du costume, ni le goût des galons et des écharpes, qu’il convient de reprocher aux hommes de 71, aux membres du Comité Central, aux membres de la Commune. Galons et écharpes étaient nécessaires pour imposer le commandement et l’obéissance à des masses peu façonnées à la discipline, au respect du grade ou de la fonction. Il ne faut pas oublier non plus que ces distinctions enviées et reprochées,