Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/477

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ces galons dérisoires, ces écharpes ridicules, furent au danger et à l’héroïsme : ces insignes, devenus terribles, désignant ceux qui les avaient arborés à l’exil, au bagne ou à la mort.

Non ! le Comité Central n’a encouru aucun reproche pour ces questions de décor et d’apparat. Il n’a pas davantage pu susciter l’effroi ou la haine par ses violences, par ses injustices. Il n’a pas versé une goutte de sang. Il a été étranger au meurtre de la rue des Rosiers, impressionnant sans doufe et regrettable, mais, par la suite, beaucoup trop mélodramatiquement grossi. Il n’a opéré ni perquisitions, ni arrestations, et il a fait mettre en liberté le général Chanzy et ses compagnons, empoignés par un excès de zèle de chefs subalternes, sous l’impulsion d’une foule impatiente et frénétique. Il a mendié quelques billets de mille francs au baron Rothschild et à la Banque de France, quand il pouvait simplement et facilement prendre tout l’or des caves et tous les billets du portefeuille. Cette belle action fut d’ailleurs d’un mérite contestable. Le pour et le contre se présentent à l’esprit pour l’apprécier. Le Comité Central, pouvoir insurrectionnel, ne visant pas à devenir un gouvernement régulier, susceptible de durer et d’être reconnu par l’Europe, ne devait-il pas tenter la prise des millions, nerfs de la guerre, de la paix aussi, pour sauver Paris, quand il était temps de la faire ?

On a justement rendu hommage, et dans tous les partis, à la probité de ces membres de La Commune, dont le ministre des finances, ayant à sa discrétion le Trésor et la Banque, envoyait sa femme, avec le linge de la famille, au lavoir public. Les membres du Comité Central ont tous droit au même éloge. Le Ministre des finances cité se nommait Jourde, et avant de siéger à la Commune, faisait partie du Comité Central.