Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/483

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Il était né à Dinan (Côtes-du-Nord), le 4 juillet 1795. Il avait donc tout près de 76 ans lorsqu’il fut élu membre de la Commune. Son père avait été député sous l’empire, sous la restauration, sous Louis-Philippe. Charles Beslay avait fait de bonnes études et, devenu ingénieur, il fut attaché aux travaux du canal de Nantes à Brest. En 1830, il dirigeait les travaux du canal à Pontivy, et empêcha une collision entre les ouvriers. Signalé par son intervention conciliante, les électeurs de Pontivy l’envoyèrent à la Chambre. Il siégea à gauche. Il était aussi conseiller général du Morbihan. Non réélu à Pontivy, il vint à Paris, et établit une usine de construction de machines à vapeur dans le quartier Popincourt. Il essaya d’y mettre en pratique ses excellentes théories sur l’association du capital et du travail. Bientôt la révolution de 1848 amenait ses amis au pouvoir, et il espéra voir appliquer ses idées socialistes. Il accepta donc les fonctions de commissaire général de la République dans le Morbihan, le département dont il avait été le député. Il donna sa démission pour se présenter aux élections pour l’assemblée constituante. Il fut élu le premier de la liste du Morbihan par 95,000 suffrages. À l’assemblée, il vota avec la gauche, et comme tant d’autres républicains abusés, il soutint Cavaignac, le prédécesseur en massacres de Mac-Mahon. On est surpris en voyant un socialiste aussi convaincu, un républicain aussi ferme que Beslay, prendre parti contre les travailleurs réduits au chômage et exaspérés par la faillite républicaine, les trois mois de misère consentis s’étant écoulés inutilement. Il ne parut pas deviner le péril napoléonien, et n’eut qu’un rôle effacé à la Chambre. Il ne fut pas réélu à la Législative.

Sous l’empire, il dut renoncer à la politique militante, mais il s’occupa de propagande économique et sociale, et entreprit de fonder une banque d’escompte et d’échange