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Je puis revendiquer l’honneur d’avoir été le premier bourgeois inscrit sur les listes de l’Internationale, à Paris, et quand le premier comité fut constitué, les ouvriers qui en faisaient partie me comprirent parmi les membres de bureau. Je dus refuser, en leur faisant remarquer que, dans l’intérêt de la cause, il importait au plus haut degré de ne pas laisser usurper la place des travailleurs par des bourgeois. La place que l’on m’avait réservée était une fissure, qui aurait plus tard laissé passer les ambitieux, qui ne sont en réalité que les mouches du coche dans la lutte poursuivie pour l’affranchissement du travail. Mais le refus motivé de ma part ne m’empêcha pas de m’occuper activement des questions ouvrières, et je puis dire que j’ai contribué, dans la mesure de tous mes moyens, à la création et à la marche des associations ouvrières de Paris.

Charles Beslay fut un citoyen utile à son pays, un patriote ardent, un socialiste modéré, et par conséquent plus apte que les violents et les utopistes à faire comprendre et souhaiter la République démocratique et sociale. Une des plus remarquables figures de 1871.

Cet excellent homme eut un fils aux idées bien différentes des siennes : François Beslay, né à Paris en 1835, avocat et journaliste, fut un réactionnaire militant et un clérical ardent et venimeux. Il fonda, en 1868, un journal catholique, le Français, qui, sous le siège, passait pour inspiré par Trochu, et qui fut, pendant la réaction qui suivit la défaite de la Commune, le journal des conspirateurs de la monarchie, l’organe de M. de Broglie. Comme au moment du 16 mai, ce champion de l’ordre moral réclamait furieusement des poursuites contre les républicains et ne laissait pas passer un jour sans outrager et calomnier le gouvernement de la Commune, dont son père avait fait partie, on lui avait donné, dans les polémiques, le surnom de Beslay bon fils, pour le distinguer de son père et du reste des hommes.

L’honorable Charles Beslay est mort en exil, avant l’amnis-