Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/490

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par une autre : « Il faut déclarer que la garde nationale et le Comité Central ont bien mérité de Paris et de la République ! » demanda Lefrançais. Cette motion fut adoptée sans discussion, et en même temps on décida qu’une proclamation serait adressée au peuple parisien et à la garde nationale, annonçant l’installation du Conseil communal. Les citoyens Lefrançais, Jules Vallès et Ranc furent désignés pour la rédiger. On demanda que le Comité Central eût un ou deux de ses membres adjoints à la commission. Quelqu’un fit alors observer que les délégués de ce comité attendaient dans l’une des salles de l’Hôtel-de-Ville qu’on leur fit connaître quand ils devraient remettre leurs pouvoirs officiellement. Le citoyen Lefrançais fut chargé de se rendre auprès de ces délégués et de fixer avec eux l’heure de cette solennité, pour la séance du lendemain.

Une autre motion assez inattendue se produisit : elle visait la publicité des séances. Paschal Grousset avait préparé un projet, portant que les séances seraient secrètes. Il disait : « La Commune doit être un conseil des Dix. » Arthur Arnould combattit la proposition. Selon lui : « des séances secrètes, un conseil des Dix lançant des décrets élaborés dans le mystère, loin de la place publique, en dehors de tout concours de l’opinion, c’était la négation de l’idée communaliste. C’était manquer à la véritable tradition révolutionnaire. La Convention avait toujours délibéré sous les yeux du peuple, et les montagnards allaient tous dans les clubs soumettre au peuple, ou discuter avec lui, les motions qu’ils proposaient ensuite au vole de l’assemblée souveraine. »

Le Conseil des Dix, les montagnards, l’exemple des clubs jacobins, c’était aller chercher des précédents bien lointains, et les circonstances étaient différentes. Une assemblée d’origine aussi populaire que celle du 26 mars pouvait dif-