Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/492

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Beslay dit qu’on avait autre chose à faire que de s’occuper de questions de personnes.

Mais M. Tirard, qui n’attendait qu’un prétexte pour donner bruyamment sa démission, se leva aussitôt et prit la parole :

Je commençai par dire à ces messieurs, a-t-il déclaré dans l’Enquête, qu’ils avaient trompé les électeurs ; que d’après leurs affiches et les publications faites dans leur journal officiel, ils n’avaient fait autre chose que d’appeler les électeurs à élire un conseil municipal ; que jamais ils n’avaient déclaré que ce conseil aurait des attributions politiques ; qu’ils avaient toujours déclaré que leurs pouvoirs seraient circonscrits à Paris ; qu’ils usurpaient donc un mandat ; et que, quant à moi, bien persuadé que je n’avais rien qu’un mandat exclusivement municipal, je ne pouvais faire partie de leur assemblée. Je fus interpellé très vivement, Enfin on me posa cette question : Etes-vous pour Paris ou pour Versailles ? Je répondis : « Je suis investi d’un mandat parfaitement régulier à Versailles ; celui-là je ne l’abandonne pas. Quant au mandat dont les électeurs m’ont investi ici, d’abord c’est un mandat très irrégulier dans la forme, ensuite vous le faussez de telle façon que je ne puis l’accepter. » J’allais me retirer, quand Paschal Grousset se leva et me reprocha d’avoir dit à l’assemblée de Versailles que, lorsqu’on entrait à l’Hôtel-de-Ville, on n’était pas toujours sûr d’en sortir. Enfin on me laissa tranquille. Lorsque l’émotion fut un peu calmée, je me levai et je partis…

(Enquête Parlementaire. Déposition de M. Tirard, t. I, p. 343.)

Ce récit reproduit assez exactement les faits. Il faut reconnaître que l’organisateur principal de la résistance des maires dans Paris eut, en cette circonstance, une crânerie qui fit défaut à ses complices de la capitulation. Ils se contentèrent d’envoyer leurs démissions par la poste, ce qui était moins périlleux. M. Tirard brava ses adversaires en face, et bien que son arrestation fût demandée, débita avec hardiesse sa protestation. On le laissa se retirer paisible-