Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/493

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ment, sans donner suite à la proposition d’Assi de le mettre en prison. On eut sans doute raison ; le dédain était la plus digne réponse à ses provocatrices invectives, et puis on voulut prouver qu’il n’était question d’assassiner personne à l’Hôtel-de-Ville. Il est vrai que l’exemple donné encouragea plusieurs des collègues de M. Tirard à se retirer successivement, ce qui était à la fois servir M. Thiers, contestant la légalité de ce conseil, élu pourtant avec son autorisation, et desservir et affaiblir moralement l’assemblée parisienne, en lui enlevant les membres de son opposition modérée, mais républicaine, et comme telle rassurante pour une partie de la population, surtout pour la province.

Après le départ du démissionnaire Tirard, le député Cournet fit connaître qu’il donnait sa démission de membre de l’assemblée de Versailles, pour rester membre de la Commune. On applaudit. Delescluze, partisan de l’incompatibilité, déclara se retirer également de l’assemblée de Versailles, mais en même temps il offrit sa démission de membre de la Commune.

« Je suis vieux, fatigué, dit-il, malade même, il ne me reste que peu de mois à vivre. Ne pouvant rendre ici que peu de services, je préfère me retirer aussi. Je me contenterai de servir de ma plume la cause de la République. »

On insista ensuite pour le faire revenir sur sa décision. Il consentit et demeura à son poste, où il devait trouver bientôt la mort glorieuse que l’on sait.

Cette première séance ne fut terminée qu’à minuit, et l’on fixa la prochaine réunion, véritable séance d’installation, au lendemain, pour recevoir les délégués du Comité Central remettant leurs pouvoirs, entendre le discours du doyen d’âge et constituer le bureau définitif et les diverses commissions.