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DISCOURS DU PRÉSIDENT D’ÂGE

La seconde séance, celle du mercredi 29 mars, fut en réalité la première, car la réunion improvisée le mardi 28, à l’issue de la belle parade de la place de l’Hôtel-de-Ville, n’avait pas eu le caractère d’une délibération régulière. Charles Beslay présida, comme doyen d’âge.

On procéda à la constitution du bureau. Il fut décidé qu’il se composerait d’un président avec deux assesseurs, et que la présidence serait hebdomadaire. Le citoyen Lefrançais fut nommé président. Avant de lui céder le fauteuil, le président d’âge, Charles Beslay, prononça le discours suivant :

Citoyens,

Votre présence ici atteste à Paris et à la France que la Commune est faite, et l’affranchissement de la Commune de Paris c’est, nous n’en doutons pas, l’affranchissement de toutes les communes de la République.

Depuis cinquante ans, les routiniers de la vieille politique nous bernaient avec les grands mots de décentralisation et de gouvernement du pays par le pays. Grandes phrases qui ne nous ont rien donné.

Plus vaillants que vos devanciers, vous avez fait comme le sage qui marchait pour prouver le mouvement, vous avez marché et l’on peut compter que la République marchera avec vous !

C’est là, en effet, le couronnement de votre victoire pacifique. Vos adversaires ont dit que vous frappiez la République ; nous répondons, nous, que si nous l’avons frappée, c’est comme le pieu que l’on enfonce plus profondément dans la terre.

Oui, c’est par la liberté complète de la Commune que la République va s’enraciner chez nous. La République n’est plus aujourd’hui ce qu’elle était aux grands jours de notre Révolution. La République de 93 était un soldat, qui, pour combattre au dehors et au dedans, avait besoin de centraliser sous sa main toutes les forces de la patrie ; la République de 1871 est un travailleur qui a surtout besoin de liberté pour féconder la paix.

Paix et Travail ! voilà notre avenir ! voilà la certitude de notre