Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/495

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revanche et de notre régénération sociale, et, ainsi comprise, la République peut encore faire de la France le soutien des faibles, la protectrice des travailleurs, l’espérance des opprimés dans le monde, et le fondement de la République universelle.

L’affranchissement de la Commune est donc, je le répète, l’affranchissement de la République elle-même, chacun des groupes sociaux va retrouver sa pleine indépendance et Sa complète liberté d’action.

La Commune s’occupera de ce qui est local.

Le département s’occupera de ce qui est régional.

Le gouvernement s’occupera de ce qui est national.

Et, disons-le hautement, la Commune que nous fondons sera la commune modèle. Qui dit travail dit ordre, économie, honnêteté, contrôle sévère, et ce n’est pas dans la Commune républicaine que Paris trouvera des fraudes de 400 millions.

De son côté, ainsi réduit de moitié, le gouvernement ne pourra plus être que le mandataire docile du suffrage universel et le gardien de la République.

Voilà, à mon avis, citoyens, la route à suivre ; entrez-y hardiment et résolument. Ne dépassons pas cette limite fixée par notre programme, et le pays et le gouvernement seront heureux et fiers d’applaudir à cette révolution de notre histoire.

Pour moi, citoyens, je regarde comme le plus beau jour de ma vie d’avoir pu assister à cette grande journée, qui est pour nous la journée du salut. Mon âge ne me permet pas de prendre part à vos travaux comme membre de la Commune de Paris ; mes forces trahiraient trop mon courage, et vous avez besoin de vigoureux athlètes. Dans l’intérêt de la propagande, je serai donc obligé de donner ma démission, mais soyez sûrs qu’à côté de vous, comme auprès de vous, je saurai, dans la mesure de mes forces, vous continuer mon concours le plus dévoué, et servir comme vous la sainte cause du travail et de la République.

Vive la République ! Vive la Commune !

Le doyen d’âge avait fait entendre là d’excellentes paroles, animées d’un esprit généreux et d’un grand désir pacifique. En même temps, il avait, par son langage conciliant et optimiste, voulu inspirer à tous confiance dans le régime qui commençait. C’était le véritable discours d’un prési-