Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/497

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esprit pour ne pas relever la sévère appréciation de son livre… À la vue de la fournaise qui s’allume, à la pensée des flots de gang qui vont couler, n’est-ce donc pas un devoir de chercher le contrat qui pourrait faire jeter les armes et l’étreinte qui pourrait unir les mains prêtes à se déchirer ? Illusion ! s’écrie-t-on. Je pourrais répondre : Illusion généreuse en tout cas !.… À l’heure où la Commune montait à l’Hôtel-de-Ville, ce programme de conciliation s’imposait d’autant plus impérieusement à mon esprit, que je le croyais en quelque sorte dicté par le moment critique que nous traversions, et mis en avant par le Comité Central lui-même et par la population toute entière… Le programme de mon discours était le programme de la situation ; j’affirme, l’histoire à la main, que la Commune, dans le premier mois de son installation, a tout fait, s’est prêtée à toutes les démarches, à toutes les négociations pour arriver à une entente et pour éviter la guerre civile…

(Charles Beslay. La Vérité sur la Commune, p. 501.)

Charles Beslay, en se défendant contre les reproches de naïveté et de crédulité, a exprimé une grande vérité : le Comité central, et après lui la Commune, ont voulu, disons pour être plus exact, ont rêvé la pacification sérieuse et définitive, les armes déposées, les outils enfin repris et la conciliation durable entre Paris, Versailles et la France entière. Le doyen d’Âge avait parfaitement défini les termes de l’accord souhaité. À la commune, ce qui était local, au département, ce qui était régional, au gouvernement, qui pouvait choisir son siège, le placer à Versailles, à Paris où dans toute autre ville, ce qui était national.

Mais il eut le tort de ne pas ajouter dans son discours optimiste : « Malheureusement, citoyens, ce programme et cet accord sont pour le moment irréalisables ! » À un certain point de vue, son rôle, durant la courte durée de son pouvoir occasionnel, n’était pas de décourager les esprits, et il ne devait guère parler autrement qu’il ne l’a fait. Mais il y avait, ce jour-là, à l’Hôtel-de-Ville, dans les rangs