Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/509

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

proposition d’Émile Eudes, décida qu’elle prendrait le nom de : Commune de Paris.

Au point de vue linguistique et juridique ce terme était mal employé pour désigner une assemblée délibérante et un gouvernement agissant. Il désignait plutôt l’ensemble iles citoyens d’une ville, d’une agglomération. Les Communes de Paris, de Lyon, de Beauvais, de Noyon, de Laon, pouvaient exister sous l’autorité d’un empereur, d’un roi, d’un évêque. Ce terme de Commune était indépendant du régime établi. Sous Napoléon III, les administrateurs, les juristes, les publicistes, avaient souvent parlé des droits, des capacités, des intérêts de la commune, soit à Paris, soit dans chaque région de la France. Mais, dans le langage courant, depuis le siège, on entendait désigner sous ce nom un ensemble de gouvernement populaire, démocratique, au caractère révolutionnaire, et aux pouvoirs mal déterminés. Comme au 4 septembre, au 31 octobre, au 22 janvier, au 18 mars, on espérait en ce mot. C’était une formule d’espoir, une lettre de change tirée sur l’avenir. La Commune, c’était la Révolution opposée à la Réaction, Paris contre Versailles. Eudes fit bien, en proposant cette dénomination vulgarisée, comme devant être le nom légal du régime issu de l’insurrection du Dix-Huit mars et des élections municipales du 26. Dans sa pensée d’hébertiste, il s’y mêlait un souvenir de 92, et le désir de rappeler et d’imiter la Révolution Française. En ceci il avait tort, mais la population n’entendit guère en ce sens le nouveau terme légal. Depuis longtemps elle en usait pour désigner un gouvernement plébéien, et les adversaires même avaient employé cette terminologie.

L’assemblée eut raison d’adopter le nom habituel et familier aux oreilles parisiennes. Elles l’entendaient d’ailleurs à contre-sens.