Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/51

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conditions de la victoire. Mais, malgré les excellentes raisons qu’Arthur Arnould consigne en son livre, on peut soutenir que les inquiétudes du Comité Central étaient peu fondées. Arthur Arnould semblait prévoir un soulèvement général du pays, et il envisageait l’hypothèse d’un recommencement de la guerre. Il dit, avec justesse, si l’on admet la base sur laquelle il établit son augmentation :

Si la province avait été montée au même ton que Paris, si l’on avait pu compter sur un grand élan révolutionnaire de sa part, C’était une partie terrible à jouer, mais qui pouvait se gagner.

Devant la France entière, debout, en armes, résolue à combattre jusqu’à la mort, la Prusse eût, certes, hésité, et fût peut-être entrée en arrangement, plutôt que de se jeter dans une aventure pleine de périls, et qui annulait toutes ses victoires précédentes.

Mais la France, démoralisée par ses défaites, énervée par vingt ans d’empire, se serait-elle levée avec cette unanimité irrésistible ?

Mais il ne s’agissait nullement de déchirer le traité préliminaire de Bordeaux, ni de refuser d’aborder le traité de paix définitif, qui devait être signé à Francfort. On ne songeait plus à remettre tout en question, en appelant de nouveau la France aux armes. La France n’eût pas répondu, et l’heure était passée des héroïques désespoirs. Il fallait au contraire respecter, comme on l’a fait avec sagesse, les clauses de l’armistice et les préliminaires de paix, et l’on devait garantir à l’Allemagne l’exécution du traité dont elle bénéficiait. Une révolution intérieure, un changement de régime, ne pouvaient donner lieu aux Allemands de croire à une rupture de la paix. La fuite de Thiers n’était pas prétexte à reprendre les hostilités, ni à recommencer le bombardement. La première chose qu’il convenait de faire était donc de rassurer les vainqueurs sur le maintien du statu quo.