Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

auxquelles on a donné le nom de leur race, ne pouvaient pas plus raisonnablement se mêler de nos affaires, qu’ils n’étaient intervenus quand l’assemblée de Bordeaux, par exemple, avait choisi M. Thiers comme chef du pouvoir exécutif de la République, au lieu de rappeler le prisonnier de Wilhemshoe et de restaurer l’empire français.

La réalité est que la Prusse n’eut aucunement l’intention d’intervenir ni de rouvrir les hostilités. Plus que les ruraux français, ses hobereaux, ses bourgeois, ses paysans, ses alliés et confédérés, bavarois, saxons, hessois, wurtembergeois, devenus sujets de l’empire, aspiraient tous à la tranquillité du foyer. Ils voulaient jouir de la détente et conserver la paix. Les guerriers allemands, pris dans leur ensemble, avaient avec joie déposé les armes et ne désiraient plus les reprendre. Ce sentiment de lassitude militaire était plus vif peut-être chez les vainqueurs que chez les vaincus. En admettant que, par le bombardement du haut des forts, Paris eût été réduit à l’obéissance envers M. Thiers, cette victoire eût été acquise chèrement, sans grand profit pour l’Allemagne. Y aurait-il même eu victoire ? Les Parisiens se seraient rués sur les forts au pouvoir de l’ennemi. On en eût pris un ou deux, car ils étaient insuffisamment armés et défendus. Alors c’eût été le signal d’un massacre de tous les détachements isolés, surpris autour de Paris. Un soulèvement national se fût peut-être produit, au moins sur certains points du territoire et, sans préjuger le succès final, on eût assisté au spectacle affreux d’une atroce guerre d’extermination. Guillaume aurait-il pu égorger tous les habitants après avoir conquis tout leur territoire ? L’Europe ne se serait-elle pas enfin interposée ? Les Français ne semblaient guère disposés à en venir à ces extrémités, les Allemands en eurent visiblement l’épouvante.

Le général von Fabrice, comme Jules Favre l’indiqua