Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/63

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dernier, où il avait déjà rempli les fonctions d’adjoint. Il avait recueilli dans le IVe, 8,608 voix, chiffre respectable.

À la Commune, il fit partie de la minorité modérée. Il n’y exerça qu’une médiocre influence. Il siégea successivement à la commission des relations extérieures et à la commission des subsistances. Il combattit l’institution d’un comité de salut publie, disant que « la création de toute dictature par la Commune serait de la part de celle-ci une véritable usurpation de la souveraineté du peuple ». Il s’opposa également au maintien de l’instruction secrète que réclamait Raoul Rigault. Il en signalait l’immoralité et l’inefficacité : « Le secret a quelque chose d’immoral, disait-il, c’est la torture morale substituée à la torture physique. » Il ajoutait :

Nous avons tous été mis au secret sous l’empire, et pourtant nous sommes parvenus non seulement à communiquer avec le dehors, mais nous avons fait insérer des articles dans les journaux eux-mêmes. L’instruction doit être publique… Je ne comprends pas des hommes qui ont passé leur vie à combattre les errements du despotisme, je ne comprends pas ces mêmes hommes, quand ils sont au pouvoir, s’empressant de tomber dans les mêmes fautes. De deux choses l’une : ou le secret est une chose indispensable et bonne, ou elle est odieuse. Si elle est bonne, il ne fallait pas la combattre et si elle est odieuse et immorale, nous ne devons pas la maintenir.

Arthur Arnould, après la défaite de la Commune, s’en fut en Amérique, puis il revint à Genève, où il vécut dans la détresse. On racontait que sa femme, pour soutenir le ménage, était obligée de vendre des poulets sur le marché. L’apaisement s’étant fait peu à peu, il put placer de la copie dans des journaux parisiens, qui jusque-là tenaient leurs colonnes closes à tout communard. Il renonça, pour faire accepter des romans feuilletons, non pas à ses opinions,