Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/64

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mais à leur manifestation et à la notoriété de son nom. Il prit en littérature le nom de sa femme, Matthey. La France publia de lui un roman populaire : Zoé-Chien-Chien, sous cette signature, dont le succès fut vif. L’aisance revint au logis modeste de Plainpalais, qu’égayait un malicieux ouistiti, ramené de Buenos-Ayres. Sous son pseudonyme rapidement accrédité, Arnould publia de nombreux romans : La Brésilienne, La Revanche de Clodion, etc., etc. Il donna une pièce à l’Odéon : le Mari. Il avait antérieurement fait paraître divers ouvrages : Contes Humoristiques ; Béranger, ses amis, ses ennemis, ses critiques, 2 vol. ; Une Histoire de l’Inquisition, etc. Il donna en 1878, à Bruxelles, chez Kistemaeckers, son ouvrage principal : l’Histoire populaire et parlementaire de la Commune, en 3 volumes. Ce travail est incomplet, et conçu dans une forme synthétique, qui a le défaut d’exiger du lecteur une complète connaissance préalable des faits sur lesquels l’auteur émet ses commentaires et ses critiques. On y trouve des aperçus ingénieux et des considérations généralement justifiées par l’examen des événements, et par l’étude des documents sur lesquels reposent les raisonnements et les jugement, de l’auteur.

Arthur Arnould, dont l’arme était la plume et non le fusil, homme de cabinet dépaysé dans la rue, penseur assourdi dans une assemblée tumultueuse, lutteur hardi dans la polémique et timide dans l’action, était l’un des membres les plus instruits de la Commune. Il se montra de bon conseil dans nombre de débats, mais sans influer sur les décisions prises. Il aurait eu un tout autre rôle dans un gouvernement municipal en des temps ordinaires, où le fracas de l’artillerie n’eût pas coupé les délibérations, où les combats quotidiens n’eussent pas entrainé les conseillers à des mesures violentes qui répugnaient à sa raison, comme à son tem-