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pérament. Il eût été un excellent membre des assemblées qui suivirent, présidées par un Floquet ou un Brisson. Les révolutions déplacent ainsi les hommes et faussent les destinées. Honnête homme, écrivain habile, républicain ardent, socialiste prudent et ferme libre-penseur, Arthur Arnould est, parmi les vaincus de 71, au premier rang de ceux qui doivent imposer l’estime à tous les partis.

LE JOURNAL OFFICIEL

Aux fautes initiales commises par le Comité Central, il convient d’ajouter le retard à prendre possession de l’Officiel. Ce fut là une lourde négligence. La ville était redevenue paisible dans la nuit du 18 au 19. Il n’y avait nulle part trace de combat ou même de résistance. Rien n’était plus facile que de s’emparer de l’imprimerie et de changer la rédaction du journal qui était considéré comme l’agent gouvernemental, comme le témoin impartial et le dépositaire authentique des faits publics. L’incurie du Comité contribua d’abuser l’opinion départementale. Le numéro vraiment exceptionnel du 19 mars, le dernier paru à Paris sous l’inspiration ministérielle, continua donc à faire considérer comme existant un régime qui avait cessé d’être, pour Paris du moins. L’Officiel publia, comme si M. Thiers et ses ministres se trouvaient encore à Paris, exerçant le pouvoir, les derniers appels du gouvernement en fuite, et enregistra, dans un sens ministériel, les événements de la veille.

Le Journal Officiel inséra ainsi, le dimanche matin, une proclamation où les faits du 18 mars étaient présentés de la façon la plus favorable au gouvernement, où la garde nationale et ses chefs étaient calomniés et outragés.

Le gouvernement, qu’on pouvait considérer comme déchu, ou tout au moins comme démissionnaire, puisqu’il