Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/66

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avait tout abandonné, exposait, dans ce manifeste posthume, qu’il avait voulu éviter une collision. Il prétendait avoir épuisé toutes les voies de conciliation, allégation mensongère, puisqu’au contraire il avait repoussé toutes les propositions d’accommodement, comme celle du colonel Langlois de verser les canons à l’artillerie de la garde nationale. « Le gouvernement, ajoutait son Officiel, a senti qu’il était de son devoir de faire respecter la loi et de rendre à la garde nationale son autorité légale. » Singulière façon de rendre de l’autorité à la garde nationale, en la provoquant, en la poussant à un soulèvement, afin de parvenir à la désarmer.

L’apologie du coup d’état, tenté et manqué, se terminait ainsi :

La journée s’est terminée dans le désordre, sans que la garde nationale, convoquée cependant dès le matin, par le rappel, parût en nombre suffisant pour le réprimer sur le théâtre où il se développait. Ce soir, l’insurrection a envahi l’état-major de la garde nationale et le ministère de la justice. On se demande avec une douloureuse stupeur quel peut être le but de ce coupable attentat ; des malveillants n’ont pas craint de répandre le bruit que le gouvernement préparait un coup d’état, que plusieurs républicains étaient arrêtés. Ce sont d’odieuses calomnies. Le gouvernement, issu d’une assemblée nommée par le suffrage universel, a plusieurs fois déclaré qu’il voulait fonder la république. Ceux qui veulent la renverser sont des hommes de désordre, des assassins, qui ne craignent pas de semer l’épouvante et la mort dans une cité qui ne peut se sauver que par le calme, le travail, le respect des lois. Ces hommes ne peuvent être que les stipendiés de l’ennemi ou du despotisme, Leurs crimes, nous l’espérons, soulèveront la juste indignation de la population de Paris, qui sera debout pour leur infliger le châtiment qu’ils méritent.

On remarquera le ton emphatique de cet appel à la population, c’est-à-dire aux gardes nationaux de « l’ordre » qu’on incite à infliger aux autres gardes nationaux, considérés com-