Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/67

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me hommes de désordre, « le châtiment qu’ils méritent ». Pour corser cette excitation à la guerre civile, le Journal Officiel ne craint pas de qualifier ces gardes nationaux hostiles, c’est-à-dire l’immense majorité des bataillons parisiens, de « stipendiés de l’ennemi ou du despotisme » Ces citoyens étaient donc payés par Bismarck ou par Napoléon III. Ce n’était pas avec de telles exagérations, avec des calomnies aussi sottes, que l’on pouvait ramener l’apaisement et rétablir le gouvernement, avec l’ordre, dans la cité.

L’exécution des généraux Lecomte et Clément Thomas était racontée d’une façon inexacte. Le rédacteur anonyme ne craignait pas d’affirmer dans ce journal, par son caractère gouvernemental, par son rôle publie, par son titre seul, passant pour donner des faits authentiques, des récits exacts et vérifiés, que « ce crime épouvantable avait été commis sous les yeux du Comité Central ». C’était une erreur voulue, un mensonge audacieux. Aucun membre du Comité n’assistait au drame de la rue des Rosiers. La plupart des membres de ce Comité ne connurent les faits que dans la soirée.

Le Journal Officiel publia une seconde proclamation adressée « aux Gardes Nationaux de Paris » ; elle était plus violente encore de ton. Les membres du Comité Central y étaient qualifiés de communistes, de bonapartistes ou de Prussiens. Ce langage était plus particulièrement odieux dans la bouche d’un gouvernement usant pour la dernière fois de l’organe le plus autorisé, du moniteur des actes et des faits publics réputés véritables, incontestés.

Un Comité, était-il dit, prenant Je nom de Comité Central, après s’être emparé d’un certain nombre de canons, à couvert Paris de barricades, et a pris possession pendant la nuit du ministère de la justice.

Il a tiré sur les défenseurs de l’ordre ; il a fait des prisonniers,