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il a assassiné de sang-froid le général Clément Thomas et un général de l’armée française, le général Lecomte.

Quels sont les membres de ce comité ?

Personne à Paris ne les connaît ; leurs noms sont nouveaux pour tout le monde. Nul ne saurait même dire à quel parti ils appartiennent. Sont-ils communistes ou bonapartistes, ou prussiens ? Sont-ils les agents d’une triple coalition ?

Quels qu’ils soient, ce sont les ennemis de Paris qu’ils livrent au pillage, de la France qu’ils livrent aux Prussiens, de la République qu’ils livreront au despotisme. Les crimes abominables qu’ils ont commis ôtent toute excuse à ceux qui oseraient ou les suivre ou les subir.

Voulez-vous prendre la responsabilité de leurs assassinats et des ruines qu’ils vont accumuler ? Alors, demeurez chez vous ! Mais si vous avez souci de l’honneur et de vos intérêts les plus sacrés, ralliez-vous au gouvernement de la république et à l’Assemblée nationale.

Le document est daté de Paris 19 mars 1871 et signé des ministres présents à Paris : Dufaure, Jules Favre, Ernest Picard, Jules Simon, amiral Pothuau, général Le Flô.

L’appel ne fut pas entendu. Il est même douteux que beaucoup de Parisiens aient lu ce jour-là l’Officiel. Mais toute la province en eut connaissance, par la voie administrative, par l’affichage à la porte des mairies, et par la reproduction que firent des deux factums les journaux régionaux et locaux. L’effet dut en être fâcheux, malgré ses exagérations évidentes et ses calomnies grossières. Les provinciaux ne pouvaient rectifier les faits. Les journaux de Paris ne leur arrivaient que tardivement, ou même pas du tout. Un cordon policier les arrêtait au passage. Ainsi, dès la première journée, l’opinion départementale fut abusée et circonvenue. L’isolement de Paris recommençait au dehors, dans les départements comme à l’étranger. On crut que Paris était tombé aux mains de scélérats « stipendiés par l’empire ou par la Prusse », puisque l’Of-