Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/69

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ficiel le disait. Ce journal n’était il pas accrédité partout, comme l’organe autorisé, le moniteur légal dont chaque signe était lettre d’évangile, au point que dans la conversation courante, pour établir la véracité d’un fait, pour affirmer l’authenticité d’un acte ou d’une parole, on disait : « C’est à l’Officiel ! Cela devrait être à l’Officiel ! »

Le Comité Central n’a pas d’excuse pour cette faute l’avoir laissé l’Officiel aux mains des agents de Versailles, lors qu’il se préoccupait, avec raison, de faire occuper la préfecture de police, l’état-major, de la place Vendôme, les ministères et l’Hôtel-de-Ville. Il était facile, si le temps manquait pour réorganiser ce journal, d’envoyer un peloton de gardes nationaux garder les presses et empêcher tout numéro de sortir, avant qu’une note eût été rédigée et composée, résumant brièvement les faits accomplis la veille, et annonçant que la ville était calme, que les personnes et les propriétés étaient sous la sauvegarde du Comité Central, gouvernement provisoire. L’Officiel eût fait savoir en même temps que le Comité s’installait à l’Hôtel-de-Ville et prenait toutes les mesures que comportait la situation pour maintenir la république, pour suppléer au gouvernement déchu et disparu. Il ne manquait pas autour du Comité Central d’écrivains capables de rédiger cette note rassurante ; on avait la force armée pour en assurer la publication. Blanqui présent n’eût certes pas négligé la prise de possession de l’Officiel. Avec la préfecture de police et le télégraphe, c’eût été sa première pensée et son premier acte. Mais Blanqui, malheureusement, n’était pas à Paris. Sur un ordre venu du gouvernement, on l’arrêtait à Loulié, dans le Lot, malade chez sa mère, le 17 mars, la veille de cette révolution dont il eût été le guide, l’un des chefs, et aussi l’âme et peut-être le sauveur.