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LES HÉSITATIONS DU COMITÉ CENTRAL

Le Comité Central fut sans doute pris au dépourvu par les nécessités qui se présentaient simultanées et diverses. Mais il y avait des décisions plus urgentes que d’autres. Il fallait sérier après avoir paré aux exigences immédiates. La nomination d’un commandant supérieur à la garde nationale avait été ainsi décidée. Le choix avait été fâcheux, mais il était indispensable qu’il y eût un chef promptement désigné.

Il fallait aussitôt après, et c’était la première tâche de ce chef, fermer les portes et les barrières de Paris afin d’empêcher Versailles de recevoir des renforts immédiats. Il ne s’agissait pas de retenir indéfiniment les soldats désarmés, prisonniers de guerre, se trouvant encore dans Paris, ni de les incorporer de force dans les bataillons de l’insurrection. On aurait eu là des éléments mauvais, des non-valeurs, peut-être des ennemis dangereux à l’intérieur ; il eût été prudent de retarder de quelques jours le départ pour Versailles, notamment, de deux régiments d’infanterie, faisant partie de la division Faron, et les meilleures troupes dont Thiers put bientôt disposer. Ces régiments, le 42e et le 110e de ligne, ont rassuré, par leur arrivée prompte, le gouvernement qui se sentait perdu, à la merci d’une marche en avant des Parisiens, que, d’ailleurs, comme nous l’avons dit, le Comité Central n’eut pas un instant le désir de tenter. Enfin, troisième mesure aussi urgente que les deux précédentes, il fallait, dans la soirée, s’emparer du Journal Officiel. C’était aussi important que l’occupation de la préfecture de police abandonnée, dont Duval était maître avant dix heures du soir.