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ABSENCE REGRETTABLE DE BLANQUI

Si Blanqui, comme nous l’avons fait remarquer, eût été là, on n’eût probablement pas confié le commandement à Lullier, mais l’on eût certainement fermé les barrières et rédigé l’Officiel. L’absence du vieux révolutionnaire, dont on a peut être exagéré les effets désastreux, se fit surtout sentir dans ces premières heures d’organisation et d’installation.

Il fallait une tête, un plan tout prêt, une méthode à suivre et un programme à exécuter. Dans les insurrections du passé on avait ce plan, la marche à suivre était tracée, et chacun savait, parmi ceux qui tentaient le coup de force combiné, ce qu’il avait à faire, en cas de réussite ; chacun connaissait son poste de combat ; les endroits stratégiques, comme les services publics et administratifs dont il fallait se rendre maîtres, étaient désignés, et le personnel insurrectionnel tout prêt n’avait qu’à fonctionner aussitôt, comme une équipe d’ouvriers remplace l’autre pour un travail prévu. Malheureusement, les révolutionnaires de l’école de Blanqui, de Barbès et des carbonari, qui procédaient à l’aide de conspirations disciplinées, d’embrigadements, de préparations savantes, d’affidés et de mots d’ordre donnés avec des instructions sues par cœur, n’eurent jamais la victoire. Ils ne purent, pas même au 4 septembre, utiliser leurs organisations minutieuses et leurs troupes exercées. La défaite fut trop prompte au 31 octobre. Au 18 mars, on eut la victoire, mais les hommes pour en tirer parti firent défaut. Les blanquistes, les plus aptes à profiter du succès d’une émeute, étaient condamnés, ou sous le coup de poursuites ou dispersés ; ceux qui avaient échappé aux arrestations étaient pour la plupart dépourvus de notoriété, sans influence en dehors d’un cercle étroit. Aucun des hommes éner-