Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/72

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giques du groupe blanquiste qui, par la suite, siégèrent à la Commune, ne faisait alors partie du Comité Central.

Ce Comité avait été formé au hasard, d’après des réputations de quartiers. Les longues attentes aux remparts, dans les postes et sous les baraquements, durant les nuits du siège, les rassemblements aux mairies, la formation des comités de compagnies, des groupes de vigilance, les conseils dits de famille, et toute l’organisation de la garde nationale, avaient permis à des individualités, jusque-là étrangères à toute action politique, d’obtenir des délégations, des mandats, des grades. Beaucoup, parmi ces novices, se laissèrent désigner, par faiblesse, par laisser-aller, quelques-uns par vanité et ambition. Mais bien peu, parmi ces braves gens obscurs, et qui, malgré l’importance des événements et le rang qui leur était attribué, sont demeurés ignorés, dont toute la biographie tient souvent dans une ligne relatant leur condamnation ou leur mort, étaient capables de diriger, d’ordonner une insurrection, encore moins d’administrer Paris, au lendemain d’un bouleversement comme celui qui suivait la fuite du gouvernement.

Ils se montrèrent inquiets et comme intimidés, en siégeant à l’Hôtel-de-Ville. Plusieurs regrettaient leurs salles modestes et rassurantes de la Corderie ou de la rue Basfroi. Ils se considéraient, malgré leur victoire, comme des possesseurs précaires. Ils avaient hâte de régulariser leur situation, et, pour cesser d’être des intrus, ils n’eurent qu’une pensée : convoquer les électeurs et faire nommer une assemblée municipale, seul pouvoir qui, à leur yeux, aurait l’autorité suffisante et la légalité nécessaire. Leur premier décret, annonçant les élections communales, témoigne de cet état d’esprit et révèle cette modestie inspirée à la fois par la grandeur de la tâche et par le sentiment de l’impuissance pour l’accomplir. Ils étaient rares ceux qui, parmi ces