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un bataillon pour arrêter ceux qui s’y trouveraient. Babick, si souvent traité de visionnaire et d’extravagant, dit sagement que si l’on voulait entraîner la France, il ne fallait pas commencer par l’effaroucher. « Demandez-vous, ajouta-t-il, quel effet produirait l’arrestation des députés et des maires, et au contraire, quel excellent effet produirait leur adhésion. »

Babick avait grandement raison. Arnold soutint sa motion : « Il importe de réunir un nombre important de suffrages pour l’élection de la Commune, dit-il. Tout Paris viendra aux urnes, si les représentants et les maires s’associent à nous. »

C’était la raison même qui parlait, et bien qu’Arnold se fût attiré cette apostrophe d’un membre, probablement celui qui avait parlé d’arrêter les maires et députés : « Vous n’êtes pas à la hauteur ! Votre seul souci est de vous dégager ! » la proposition fut votée. Arnold fut délégué à la mairie du IIIe et la séance fut suspendue, renvoyée à huit heures du soir.

ÉDOUARD MOREAU

Parmi les membres du Comité Central qui prirent la parole dans cette première séance, il convient de mentionner Édouard Moreau et Babick.

Édouard Moreau était un commissionnaire en marchandises, fort intelligent, doué d’initiative, et qui, tout à fait nouveau dans la politique, fit preuve, en plusieurs circonstances, d’à-propos, d’habileté et d’une certaine éloquence. Il avait insisté, dans la soirée du 18 mars, pour que le Comité, ou du moins les quelques membres qui avaient pénétré dans l’Hôtel-de-Ville avec lui, y restassent Il les engagea à prendre immédiatement des délibérations. Il dirigea donc cette avant-première séance, et fut l’inspirateur de la plu-