Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/78

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et sa parole toujours pompeuse. Son accoutrement était baroque. Toujours chaussé de grandes bottes à l’écuyère, il portait, même dans la rue, l’écharpe rouge de membre de la Commune, barrant son uniforme de garde national. Il y ajoutait l’insigne ordinaire, ruban rouge à franges d’or. En outre il arborait, en sautoir, le collier brodé d’un ordre maçonnique, plus des médailles diverses, avec une chaîne d’acier descendant sur le ventre. Toute cette quincaillerie tintait à chacun de ses pas. Il allait, majestueux, comme le porteur d’une bannière d’orphéon. Il croyait à la présence des esprits, même dans la salle des séances de la Commune. C’étaient, selon lui, les âmes de morts illustres ou éloquents qui inspiraient certains orateurs à la tribune, ou dictaient à ses collègues les décisions à prendre. Il était animé de sentiments humanitaires, et fit preuve, à plusieurs reprises, durant la lutte, de modération et de tendances conciliantes. Il montra beaucoup d’énergie pour faire remettre en liberté le général Chanzy, arrêté à la garou d’Orléans, malgré les efforts de Léo Meillet, et gardé en prison par Duval, qui voulait conserver un otage dans la personne du commandant en chef de l’armée de la Loire.

Babick, malgré ses divagations, sa manie mystique, ses bizarreries d’allures et sa croyance aux esprits, était souvent bien inspiré et faisait entendre de sages paroles. On a vu qu’il tenait à dégager la responsabilité du Comité Central dans le drame de la rue des Rosiers, et qu’il s’était opposé à ce que des mesures de violence fussent prises contre les députés et les maires. Il fit partie de la minorité de la Commune et vota contre l’institution du comité de Salut public.

Il est un des membres du Comité Central qui siégèrent à la Commune. Il fut élu dans le Xe arrondissement (Entrepôt) par 10,738 voix. Cet arrondissement, industriel et