Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/79

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commerçant, aurait pu faire un meilleur choix. Cet élu n’a pas laissé de renom sanglant, mais un peu de ridicule demeure répandu sur sa personne, sinon sur ses actes. Un brave homme malgré tout, et ceux qui se sont moqués de lui, ont dû reconnaître que ce toqué était parfois un conseiller plein de bon sens. Il put se réfugier en Suisse, près la défaite de la Commune. Il y vécut en compagnie de son ex-collègue Ostyn, également un illuminé et un disciple du spiritisme. Herborisant de compagnie, récoltant des simples, ils visitaient et soignaient les malades. Tous deux procédaient par des passes, des attouchements, des suggestions. Sans connaître les lois de l’hypnose, Babick faisait de la psychothérapie ; il devançait les méthodes merveilleuses de la science moderne.

Babick contribua à faire accepter l’envoi de délégués à cette réunion annoncée des maires et des députés, et ce ne fut pas une moindre preuve de raison et de bon sens politique qu’il fournit. De cette réunion, en effet, devait sortir, où un accord, comme l’espérait Babick, ou la guerre civile. Ce fut des deux côtés l’esprit d’antagonisme qui l’emporta, et les gens raisonnables eurent le tort de ne pas suivre les conseils du fou, au moins pour l’exemple. La folie, a dit Eschyle, est quelquefois le secret du sage.