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ASSEMBLÉE NATIONALE OU COMMUNE

L’Assemblée Nationale et la Commune ne pouvaient subsister parallèlement. L’un des deux pouvoirs était de trop.

Il fallait ou que la Commune cédât, s’en remît au bon vouloir de l’Assemblée et de M. Thiers, et qu’un régime modérément républicain, mais perfectible, s’établit, comme cela arriva, après la défaite de mai, ou bien que l’Assemblée nationale fût vaincue, disparût avec les gouvernants qu’elle avait choisis. Alors le pays de nouveau consulté, non plus sur la paix on la guerre, puisque les conditions de la paix étaient, sans discussion, maintenues et exécutées, mais sur les lois constitutionnelles, aurait eu à nommer une représentation nationale neuve, qu’on supposait devoir être animée de l’esprit républicain, plus ou moins avancé.

Cette assemblée aurait pu représenter la mentalité et la politique, dans sa majorité du moins, de ceux qui furent par la suite élus membres de la Commune. Mais cet esprit-là existait-il en majorité dans le pays ? On doit en douter. Il n’est pas né viable le gouvernement qui est en avance sur son temps, et les pouvoirs sont instables et fragiles, aussi bien quand ils devancent l’opinion générale, que lorsqu’ils retardent surelle. Ils se trouvent alors isolés du gros des forces populaires, et cette loi s’est trouvée vérifiée pour les monarchies comme pour les républiques. Une Constituante nommée en avril n’eût pas compté plus de républicains. La Commune et sa répression ont étendu la moyenne de l’opinion, et, par l’extension des extrêmes, donné un quotient plus fort à la République modérée.

Les insurgés du 18 mars ne devaient pas se préoccuper d’une conciliation quelconque, ils devaient continuer le combat et chercher la victoire. S’ils se montraient les plus