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forts, le pays se soumettrait, comme il s’était soumis après le deux décembre. La solution du problème était là, et pas à côté. Avec ces démarches, ces conciliabules, ces palabres, on préparait l’insuccès. Ces journées perdues en logomachies, en chicanes, en casuistiques et en avocasseries, devaient fatalement amener la perte des avantages obtenus le 18 mars et donner à l’Assemblée, alors bien près d’être vaincue et morte, la survie avec la victoire.

LES DÉLÉGUÉS DES MAIRES À L’HÔTEL-DE-VILLE

Les maires et les députés de Paris, non sans hésitation, au milieu de la réunion qu’ils tinrent dans la journée à la mairie du IIIe, avaient décidé d’envoyer au Comité Central des délégués qui entendraient ses propositions.

L’assemblée délégua à cette conférence, pour les maires et adjoints : MM. Bonvalet, Mottu, Murat, Jaclard, Léo Meillet ; pour les députés, MM. Clemenceau, Millière, Lockroy, Cournet et Tolain. La délégation se rendit à l’Hôtel-de-Ville à huit heures du soir, et la parole fut aussitôt donnée à Clemenceau.

Le jeune député, qui représentait plus particulièrement Montmartre, puisqu’il en était le maire, commença par blâmer la résistance au sujet des canons, origine du conflit et cause matérielle du Dix-Huit mars. Selon lui, ces canons appartenaient à l’État. Ils devaient donc être restitués aux arsenaux. Les Parisiens auraient dû rendre les canons pour conserver leurs fusils, sauvegarde de la République. Il déplora la fusillade de la rue des Rosiers, qui avait suscité un mouvement de réprobation unanime. Il regretta que ses propres démarches pour sauver les généraux n’aient pu réussir.

Jusque-là, l’orateur avait été écouté dans un silence lourd de défiance. Personne, dans le Comité Central, ne blâ-