Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/87

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mait Clemenceau au sujet des regrets qu’il témoignait pour l’exécution des généraux, où ses membres n’avaient eu aucune part, mais on jugeait maladroit de revenir sur l’affaire des canons. Clemenceau, tempérament de contradicteur, ne pouvait, surtout à cette époque, et dans un tel milieu, parler longtemps sans provoquer les résistances et les protestations de la majorité de son auditoire. Il n’allait pas tarder à susciter les murmures. Il lança cette proposition comme un défi :

Quelles que puissent être nos espérances et nos revendications, nous ne pouvons nous insurger contre la France. Le gouvernement a eu tort de déchaîner les colères de Paris, mais Paris doit reconnaître l’Assemblée nationale. Le Comité Central n’a qu’use chose à faire : se retirer, et céder l’Hôtel-de-Ville et le pouvoir aux maires et aux députés, qui seuls peuvent demander et obtenir de l’Assemblée nationale la reconnaissance des droits de Paris.

Des protestations, des réfutations avaient haché la fin de son discours. On lui criait : « Mais c’est le gouvernement qui a attaqué ! La garde nationale n’a fait que répondre à une agression ! Le Comité Central ne s’est pas emparé du pouvoir. Il l’a recueilli vacant. C’est le peuple qui a poussé le Comité à l’Hôtel-de-Ville ! »

Ces objections étaient sérieuses et ces interruptions se trouvaient justifiées par les critiques de Clemenceau. Varlin lui demanda brusquement : « Vous nous dites que vous ferez reconnaître par l’Assemblée les droits de Paris, en êtes-vous sûr ? êtes-vous autorisé ? » Clemenceau fut interloqué par cette demande nette et qui semblait exiger une réponse claire. Elle ne pouvait être que négative. Ni lui, ni personne de la délégation des maires, n’avait qualité pour engager l’Assemblée et surtout M. Thiers. Il se borna à esquiver la question, en interrogeant lui-même :