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— « Que réclamez-vous de l’Assemblée ? »

— « Qu’elle s’en aille ! » répondit durement Eudes.

Cette réponse était dépourvue de circonlocutions, mais elle exprimait le véritable sentiment de Paris ; elle contenait la solution du conflit ; elle précisait le but que devaient poursuivre les vainqueurs du 18 mars.

Un membre du Comité Central fit observer que le mandat de l’Assemblée était terminé, que Paris ne prétendait pas dicter des lois à la France, mais qu’il avait assez souffert des siennes, et ne voulait plus subir les plébiscites ruraux. Il exprima le vœu de la fédération des communes de France.

Millière intervint alors, et sa parole coupante, son geste sec, avec son maintien raide et sa physionomie glacée, impressionnèrent l’auditoire, dont cependant il froissa les sentiments et déconcerta les projets. Il mit en garde les républicains de Paris contre de nouvelles journées de juin, où la province serait lancée contre Paris. Alors ce serait le recul complet. L’heure de la révolution sociale n’avait pas sonné encore. Il ne fallait pas la rendre à jamais impossible à entendre, pour avoir voulu donner trop tôt le signal. Le progrès ne marche qu’avec lenteur. L’insurrection, aujourd’hui victorieuse, pouvait être vaincue demain. Il était sage de tirer profit de ce qu’on avait fait, en montrant la force de la garde nationale, en obligeant le gouvernement à battre en retraite devant elle. Une concession doit en amener une autre. Il était habile de se contenter de ce qu’on pouvait avoir tout de suite, plus tard on obtiendrait davantage. Il termina en conjurant le Comité Central de laisser l’Hôtel-de-Ville et le pouvoir provisoire à la réunion des députés et des maires.

Un membre du Comité Central, Boursier, se leva et réfuta la proposition de Millière de céder la place. « Les dé-