Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/89

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putés et les maires, dit-il avec hardiesse, à Paris sont impopulaires, à Versailles ils n’auront aucune influence. S’ils veulent marcher avec nous, nous Îles accueillerons avec satisfaction, s’ils nous refusent leur concours, nous nous passerons d’eux. Les élections auront lieu, avec ou sans eux. S’ils tentaient de s’opposer à notre volonté, nous saurons les mettre dans l’impossibilité de nous suivre. »

Et comme la majorité de la réunion approuvait ces énergiques déclarations, en présence des délégués consternés, Boursier ajouta cette affirmation :

On a parlé de la révolution sociale, notre mandat ne comporte ni la fédération, ni la déclaration de Paris ville libre, ni l’établissement de la révolution sociale. C’est le peuple qui décidera ce qu’il veut faire. Nous n’avons, nous, qu’à le réunir, pour qu’il nomme ses mandataires à l’Hôtel-de-Ville. Notre mission se borne à faire les élections communales !

Clemenceau veut alors préciser. Nerveux, avec un geste autoritaire, il demande brusquement :

— Voyons, que voulez-vous ? Bornez-vous vos prétentions à obtenir de l’Assemblée un conseil municipal ?

Varlin lui répond, nettement :

Qui, nous voulons un conseil municipal élu, mais nos revendications ne se bornent pas là, et tous ceux qui sont ici le savent bien ! Nous voulons les franchises communales pour Paris, la suppression de la préfecture de police, le droit pour la garde nationale de nommer tous les officiers, y compris le commandant en chef, la remise entière des loyers échus au-dessous de 500 francs, une remise proportionnelle pour les autres, une loi équitable sur les échéances, enfin nous demandons que l’Assemblée se retire à vingt lieues de Paris. Voilà ce que Paris veut, ce que nous réclamons en son nom. Vous faites-vous fort de transmettre à l’Assemblée de Versailles ces justes revendications, et d’obtenir immédiatement satisfaction ?

Clemenceau garda le silence. Benoit-Malon essaya une dernière tentative de conciliation :