Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/90

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Je partage, dit-il, les aspirations de Paris, et je veux aussi tout ce que vient de formuler Varlin, mais l’Assemblée ne voudra rien accorder. Voudra-t-elle même entendre ceux qui lui présenteront cet ultimatum, tant que le Comité Central gardera l’Hôtel-de-Ville ? Si Paris remettait son sort entre les mains de ses représentants légaux actuels, les maires et les députés, on aurait chance d’obtenir une satisfaction partielle. Je ne crois pas que nous puissions lui faire éloigner l’armée, mais elle céderait probablement sur le conseil municipal élu, sur l’élection des chefs de la garde nationale, sur les échéances et les loyers. Réfléchissez, il est temps encore de trouver une solution pacifique et acceptable.

Un membre de la délégation fit observer que l’heure s’avançait, et qu’on devait être inquiet en ne voyant pas revenir les délégués. Le Comité décida alors d’envoyer à son tour des délégués à la mairie pour continuer les pourparlers. Varlin, Édouard Moreau, Jourde et Arnold furent nommés pour faire partie de cette délégation. Ils se rendirent aussitôt à la mairie du IIe. Il était dix heures et demie du soir.

VARLIN

Parmi les orateurs qui intervinrent dans cette poignante délibération, Varlin prit une place importante, Ce fut lui qui, en réponse à la question de Clemenceau, formula les points sur lesquels le Comité Central, pour céder l’Hôtel-de-Ville et le gouvernement de fait, exigeait une réponse précise de Versailles.

Louis-Eugène Varlin avait 31 ans au moment de la Commune. Il était né à Claye (Seine-et-Marne), le 5 octobre 1839, de cultivateurs aisés. Il vint en apprentissage à Paris, chez un oncle, M. Duru, relieur, rue du Pont-de-Lodi. Il devint ouvrier habile dans sa profession, recherché par les meilleures maisons. Intelligent, actif, ayant