Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/91

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le zèle du propagandiste et la foi de l’apôtre, il avait refait son instruction, tout en allant à l’atelier. Il personnifiait l’ouvrier parisien supérieur. Plus instruit que la moyenne des travailleurs, républicain, libre-penseur et socialiste, il poursuivait un idéal d’émancipation et de progrès pour ses camarades moins éclairés, enchainés par le salariat, écrasés par les charges de l’existence. Tout jeune, imprégné des théories d’association et d’appui mutuel des écoles socialistes de 48, il rêva de grouper, d’organiser les salariés pour la lutte contre l’exploitation patronale et contre les lois restrictives paralysant les efforts de la classe ouvrière. Aussi dès l’envoi à l’exposition de Londres de la délégation ouvrière, qui devait fonder l’Internationale, il se voua tout entier à l’association et à l’organisation des travailleurs. Il fut l’un des premiers membres de la section française. Il prit une part active aux grandes grèves qui marquèrent les dernières années de l’empire, notamment à celle du Creusot. IL participa aux divers congrès ; il fut chargé d’installer, comme secrétaire correspondant de la fédération, après le congrès de Bâle, la chambre fédérale des corporations ouvrières, place de la Corderie-du-Temple. Il y fit montre d’un esprit d’organisation remarquable et d’une initiative toujours en éveil. Les statuts de cette fédération ouvrière furent adoptés le 18 mars 1869. Le local de la Corderie-du-Temple devint comme le siège d’un parlement ouvrier : « Saluez ! disait lyriquement Jules Vallès, c’est la Révolution qui est assise sur ces bancs, debout contre ces murs, accoudée à cette tribune, la Révolution en habits d’ouvriers ! C’est ici que l’association internationale des travailleurs tient ses séances et que la Fédération donne ses rendez-vous ! »

La Fédération de la garde nationale fut inspirée et organisée par plusieurs membres de la fédération ouvrière. Le