Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 2.djvu/94

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Unis de la banlieue, au Congrès de Bâle. Il organisa des sections, fit de nombreux voyages dans les milieux de grèves et dans les régions ouvrières, notamment dans le Nord, à Tourcoing. Il se montra, avec Varlin, l’un des agents les plus actifs, lors des grèves du Creusot et de Fourchambault. Il envoya des correspondances intéressantes sur la grève à la Marseillaise, de Rochefort. Déjà l’ouvrier teinturier se révélait infatigable vulgarisateur des idées sociales. Il fut compris dans les poursuites contre l’Internationale. Arrêté, il fut condamné à un an d’emprisonnement. Le 4 septembre le mit en liberté. Il fut élu adjoint au maire du XVIIe arrondissement puis député à l’Assemblée nationale, et enfin envoyé à la Commune par 4,199 voix. Il fit partie de la minorité et vota contre le Comité de salut public. Il n’eut qu’un rôle assez secondaire à l’Hôtel-de-Ville.

C’était un théoricien et un penseur, plutôt qu’un homme d’action. Sa physionomie sévère et irrégulière, son aspect lourd, son mutisme presque continu, lui donnaient peu d’autorité sur les foules. Mais il possédait une influence incontestable comme philosophe du socialisme, comme propagandiste des idées d’émancipation ouvrière. Après la chute de la Commune, il se réfugia en Suisse et en Italie. I revint en France à l’amnistie, publia la Revue socialiste et de nombreux ouvrages de doctrine sociale, comme le Nouveau Parti et La Troisième défaite du Prolétariat Français. Il est mort en 1893. Il avait épousé une femme de lettres, Mme Champseix, connue, sous le nom d’André Léo, par de nombreux ouvrages de propagande féministe et par des romans sociaux, dont le Siècle a publié les principaux.

Benoît Malon était un homme Joux, ayant l’allure conciliante, la sérénité apparente que donne la pratique de la